fb ∞ be strong and don't give up (seven)

Les visages qui défilent. Tout comme les informations. T’as le cerveau en ébullition, partagée entre l’euphorie et l’envie de t’évanouir. C’était beaucoup, tout ça. Beaucoup trop. Presque ahurissant. Alors comme ça, t’es coincée sur une île parce que t’as pris une espèce de porte magique. C’est à se demander si en passant à travers le pare-brise de ta voiture tu n’es pas tout simplement morte, ou plongée dans le coma. Parce que ça parait surréaliste pour pouvoir être apparenté à la réalité. Mais faut faire avec. Faut avancer. Et à défaut, pour le moment, de trouver une explication qui te convient, et bien tu suis le mouvement, acquiesçant de temps en temps pour montrer que t’écoutes bien ce qu’on te dit. La vérité, c’est que t’es complètement larguée. Frigorifiée, affamée, et surtout épuisée. T’as pas dormi depuis que t’es arrivée sur l’île, et déjà avant d’être catapultée dessus tu manquais de sommeil. T’es à deux doigts de défaillir, et au final t’as une sorte d’absence. Tu sens ton corps qui te lâche, et tu ne dois ton salut qu’à la réactivité d’une âme charitable qui était à côté de toi. « Désolée, je crois que j’ai besoin de repos. Une pause, un pâle sourire qui s’affiche et qui fait surtout pitié. Ça fait beaucoup, tout ça. » Ils sont d’accord avec toi, s’excusent de la vitesse à laquelle vont les choses. Finalement, la décision est prise pour que tu rejoignes une des habitations mise à disposition des résidents de la Cité. Des huttes, comme ils appellent ça. Avant que tu ne te diriges vers ces dernières, on a pris le temps de panser tes blessures liées à l’accident de voiture et on t’a donné des vêtements chauds. Tu fronces à peine les narines face à l’odeur et l’état déplorable des tissus, mais de toute façon c’est toujours mieux que tes presque sous-vêtements. Tu finis par échouer devant une hutte, qu’on te dit être la tienne. Quand tu passes la tête à l’intérieur, tu constates avec soulagement qu’elle est vide. Mais la journée ne fait que commencer et probablement que tes potentiels colocataires sont partis travailler, ou quelque chose dans le genre. Sans vraiment y réfléchir, tu prends le premier lit qui te passe sous la main, et tu t’endors en quelques minutes. Le réveil, il se fera quelques heures plus tard, quand un bruit te sort de ton sommeil. Un sursaut quand tu constates un visage à quelques centimètres du tien. Un jeune homme que tu n’avais pas encore vu. « Qu’est-ce- » Au final la peur te fait perdre tes moyens et tu ne termines pas ta phrase, regardant avec effarement l’homme en face de toi.

Quel plaisir cette grasse matinée ! Seven avait trop profité la veille, il était décidé à profiter également le lendemain matin. Il avait intérêt à dormir huit heures par nuit, sinon il ne tenait pas la journée. Alors même si ça le faisait traîner dans la hutte... Il ne se posait pas toutes ces questions. Il dormait, et puis c'est tout.
Il dormait et n'avait pas entendu les autres se lever, ni la nouvelle arriver. Ou peut-être qu'il avait entendu. Mais il n'y porta même pas attention. Perdu au pays des songes, il dormait comme un bébé. On n'aurait même pas eu envie de le réveiller, tant il avait l'air bien. Paisible. C'était rare, ça, sur Nil. Seven avait beau le nier et jouer au fier, au fond, il était terrifié. Il savait que Nil pouvait le gober d'un coup de croc. Il savait qu'il valait rien, qu'il était qu'un poids pour le camp. Mais pourquoi changer ? C'était trop épuisant. Voilà que ça lui donnerait encore une meilleure raison de dormir plus que les autres.

Il finit par s'éveiller. Il s'étendit de tout son long en maugréant. Puis, Seven s'assit sur le bord de son lit et contempla la hutte, supposée vide. Pourtant, il y découvrit un corps allongé dans une couchette qui était inoccupée auparavant. Curieux, il se leva. C'était une nouvelle ? Il s'approcha à pas de loup, jusqu'à la surplomber. Il l'observa quelques secondes. Puis elle ouvrit brusquement les yeux. Monstrueusement surpris, Seven eut un geste de recul et en tomba à la renverse.
« Woooooow ! Me fais plus jamais une frayeur pareille ! »
Il se releva en s'époussetant le derrière comme la petite princesse qu'il était.
« Tu viens d'arriver ? »
@ksenia