We strive to drive you nuts (la meute)

— We strive to drive you nuts
25.08 ou jour 884, ft. @Louve, @War, @Storm, @Mamma & @Baby

Le soir a tiré sa couverture depuis longtemps sur l’île et sur la Cité de Nil, vous enveloppant dans cette chaleur humide si caractéristique à ce paysage dans lequel vous évoluez depuis des mois ou des années. Tu reviens de la crique de cristal où t’as été te plonger dans l’eau froide durant une éternité pour te remettre les idées en place. Quand tu en es ressorti, tes lèvres étaient bleutées et la peau de tes doigts s’était flétrie. T’as marché pieds nus dans les bois pour revenir chez toi. Parce que t’aimes la sensation de la terre froide sous tes orteils. Parce que t’as pas peur des égratignures ou des petits cailloux, Wolf. T’as traversé le campement, humé l’odeur du feu de camp qui crépitait bien haut, laissé ton regard glisser sur le mur des prénoms où étaient gravés des dizaines de noms, des dizaines de pseudonymes dont le tien. T’as souvent entendu d’autres habitants de la Cité dire que l’espace vide près de leur prénom leur causait bien des tourments. Toi, c’est pas l’espace vide près du tien qui te turlupine, c’est celui près des prénoms des gens que t’aimes. Rouge que tu vois comme une sœur. Louve que tu vois comme ton miroir, comme la personne qui te comprenne le plus sur ce monticule de terre maudit. War que tu aimes comme un frère, qui est un meilleur ami que toutes les personnes que tu aies rencontré quand on t’appelait encore Cam. Mamma qui est l’oreille attentive la plus chiante que tu aies côtoyée, mais qui possédait cette sagesse que tu n’aurais peut-être jamais. Baby pour qui tu te prenais d’affection avec sa violence et ce sarcasme qu’elle cachait si bien derrière ce beau minois. Même Storm qui te défiait sans arrêt, mais qui te tendait la main dès que vous vous retrouviez dans l’eau chaude. Ces espaces vides. Mais aussi les encoches près des prénoms de ceux qui étaient rentrés ou les obèles qui marquaient ceux des gens partis trop vite ou les croix de ceux qui n’avaient pas eu le choix de quitter la Cité. Comme Shae.

Tu chasses les pensées noires de ton esprit, contournant le mur pour t’engouffrer dans la hutte qui bourdonne déjà des rires de tes camarades, de tes loups. Soupirant, tu t’effondres sur ta paillasse en gémissant. « On fait quoi de beau ce soir, les gars ? » Parce qu’ils étaient rares les soirs où vous vous glissiez dans vos couvertures à l’extinction des feux. Non, vous étiez plutôt la raison qui poussait certains habitants de la Cité à vouloir se fourrer des bouchons de cire d’abeille dans le creux de oreilles dans l’espoir d’étouffer vos hurlements qui se poursuivaient tard dans la nuit…