Puisses-tu briller entre mes doigts. // Feat. Pan

--Puisses-tu briller entre mes doigts
Feat. @Pan  30.08.20 / 348 jours.

Un mois. Bientôt un mois, que son quotidien ne se résumait plus qu’à de la stricte survie. Alors que pendant presque un an, elle avait eu la chance de se construire un cocon, un foyer, une vie d’après, Myst n’était plus que l’ombre d’elle même. Dédales de pas, qui suivent et s’ensuivent. Comme la première fois, la toute première où elle était arrivée sur Nil. Un retour en arrière, faire trois pas en avant, pour deux trépassés. Mais l’évolution était bien présente, les voix chimériques en devenaient presque calmantes. Félix et Panny étaient de bonnes compagnies, ils avaient grandi eux aussi, moins colériques, et surtout moins influant sur Myst. Alors, elle composait, son quotidien, dorénavant de baies et de pierres, taillant le bois de coup las. Se construire, se reconstruire, un nouveau chez soi.


Ce matin-là, l’eau de la rivière était claire. Translucide, laissant le visage pâle de la gamine refléter sa peine dans le courant. Des secondes de battements, à contempler le miroir des pupilles bistrées, à effacer les larmes qui parfois la submergeaient. Une inspiration, puis deux. Reprendre son souffle, se remplir d’un peu de confiance, pour affronter l’éternel recommencement, une journée de plus, dans le coeur de Nil.

C’était dans son coeur à elle qu’il y avait un manque, un trou béant, une incisive plantée. Il. Lui. Toi. Tu n’étais qu’un manque. Un de plus, pourrait-elle se dire. Mais bien loin de caresser la vérité. Car rien, rien d’avant ne manquait. Elle s’accommodait, comme elle le faisait toujours Myst. Elle s’adaptait, caméléon dans les veines. Mais si seulement tu ne pouvais, pas tant lui manquer. Peut-être arriverait-elle à bien plus avancer.

S’accroupir près du cours d’eau, y plonger les mains boueuses, pour se déverser un peu de fraîcheur sur le visage. Le ventre gargouillant, rêveur face aux poissons fuyants. Elle savait pêcher Myst, même mieux que chasser. Quand elle était au couvent, souvent elle accompagnait une soeur à la mer, à l’aube naissant pour y apprendre les rudiments de la pêche. Compétence qu’elle n’aurait pensé pas un jour, si utile, pour un besoin, si primaire.

Alors qu’elle entreprit de rentrer les jambes jusqu’aux genoux, d’attraper une pierre plate pour se frotter les bras, nettoyage basique du matin, le bruit dans la forêt derrière elle s’agita. Une bête, un fauve, peut-être ? Se retournant vivement, se replier un peu plus, prête à bondir au loin, sur le qui-vive. Se sentir proie, apprendre à vivre d'instinct et de fuite. Voilà, ce qu’elle était devenue Myst. Petite brebis égarée qui n’attendait que la fatale sentence. Ne se doutant pas une seconde, que le loup pourrait être, toi.

Lancé de dés :