Betrayal as it finest ft Judas

Ah Judas... Que dire de cet homme ? A part le fait qu'il était un idiot fini, bien sûr. Mais je ne disais pas cela comme une insulte, au contraire ! Ce... trait de caractère, dirons nous, m'avait permis de réaliser l'un de mes plans les plus amusants. Depuis mon arrivée à la cité, j'y semais la discorde et je devais que dire que l'opération Judas était cella avec laquelle je m'étais le plus amusée. En parallèle, c'était aussi celle qui avait apporté le plus de résultats puisqu'elle avait été victorieuse ! Et personne ne me soupçonnait. J'avais tout gagné. J'avais tout risqué pourtant... Mais là n'était pas la meilleure façon d'avoir de l'adrénaline ? Commettre un meurtre... En arrivant ici, jamais je n'aurais pensé arriver jusque là. Pourtant si, j'avais dépassé la limite. Beaucoup disaient qu'une fois qu'on avait tué quelqu'un, on ne pouvait plus revenir en arrière, une façon à eux de dissuader. Mais... je n'avais aucune envie de retourner en arrière. J'aimais cette sensation de puissance que j'avais en moi. Accuser Judas avait été un jeu d'enfant, après avoir compris qu'il souffrait d'absences récurrentes... Il suffisait de le faire se tenir près du corps, arme du crime entre les mains et le tour était joué ! Tout le monde avait bu mes paroles par la suite. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'il soit viré de la cité, bien malgré lui. Ce n'est pas que j'avais quelque chose contre lui en soit mais... il était le parfait bouc émissaire, alors comment ne pas sauter sur l'occasion ?

Seulement, j'avais décidé que ma mission ne finirait pas là. Forcément, enfin ! Comment pourrais-je alors que tout s'était si bien passé jusqu'à maintenant ? Ce serait du gâchis de mon talent. Judas était maintenant parti depuis quelques jours, et il était temps pour moi de revoir mon bouc émissaire préféré. Étant celle qui l'a accusé, j'étais certaine qu'il ne serait pas forcément heureux de me revoir. C'était pour cette raison que j'avais préparé un panier cadeau à lui donner. Des habits que j'avais fabriqué moi-même, ainsi que quelques vivres que j'avais récupéré dans la cité. Il ne pouvait pas dire non à ça si ? En particulier en considérant qu'il venait de commencer sa nouvelle vie sur les parties sauvages de l'île... un cadeau était bien trop important pour être refusée. Cela me permettre de m'excuser platement et permettre de me mettre ce bouc émissaire dans ma poche. Il était aussi important d'avoir des alliés en dehors de la cité non ?

Restait encore le problème de le retrouver. Il n'avait pas dû partir loin à mon avis. Mais n'ayant aucun moyen de le contacter, je n'avais aucune idée de l'endroit où je pourrais le trouver. Et déjà que je détestais sortir de la cité, trouvant cela beaucoup trop dangereux, je ne comptais pas y passer des jours pour le trouver. C'est alors que je me rappelais de quelque chose qu'il m'avait dit quand il était encore un citoyen... C'était un explorateur et il aimait beaucoup passer du temps dans le champ fleuri dés qu'il le pouvait. Alors ne serait-ce pas le meilleur moyen de le trouver que de se rendre là bas ? De plus ce n'était pas la plus grande zone de l'île donc j'aurais plus de chances de le trouver s'il était bien là-bas comme je l'imaginais. Je pris alors quelques affaires, ainsi que le panier cadeau destiné à Judas et me rendit là-bas. J'étais effrayée, je devais bien l'avouer. Le champ fleuri pouvait sembler être un magnifique endroit, mais ce n'était qu'en apparence. C'était une zone bien plus dangereuse qu'on ne pouvait l'imaginer. Le chemin jusqu'à cet endroit maudit ne fut pas long. j'occupais le temps de marche en réfléchissant à mes prochains plans machiavéliques pour mettre la cité sans dessus dessous. Les alentours étaient silencieux. Beaucoup trop à mon goût. Je ne voyais personne, mais je me disais qu'il valait mieux que je tente ma chance.

-Judas ? T'es là ? C'est Gold ! Je... je voulais me faire pardonner pour avoir donné l'alerte ! Je ne voulais pas te blesser... J'aurais préféré ne jamais avoir à faire ce choix mais... c'était mon devoir en tant que citoyenne. Oh ! Je t'ai aussi apporté de quoi te nourrir et des habits faits main. Sors de ta cachette, je t'en prie !

Il sortit enfin de sa cachette, l'air étonné. Il me regarda quelques secondes, avec ses yeux de merlan frit. J'eus l'air soulagée. Soulagée de le voir en vie, et dans une forme correcte. De voir qu'il n'avait pas l'air agressif envers moi, qu'il semblait assez calme pour ne pas m'attaquer et se venger du fait que j'avais donné l'alerte. Venir ici représentait un risque, tant en la personne de Judas, qu'aux dangers que réservent cette île à ses habitants. Mais en réalité son sort m'importait peu. J'aurais pu retrouver son cadavre mangé par les vautours caché sous ces belles fleurs que cela ne m'aurait pas fait bougé un cil. Je serais rentré à la cité bredouille, mais voilà tout. Bien sûr, j'étais tout de même contente que ce ne soit pas le cas, car j'aurais été un peu énervée d'avoir fait tout ce chemin pour ne même pas avoir l'occasion de manipuler un idiot pareil.

Le fait qu'il soit étonné ne faisait qu'arranger mes affaires. Il savait que j'avais peur de quitter la cité, et pensait donc que j'avais fais un effort incommensurable pour aller le voir (ce qui n'était pas totalement faux). L'unique chose qu'il lui manquait c'était que je le faisais pour moi, pas pour lui. Il me harcela ensuite de questions, ne comprenant pas la raison de ma présence. "Je veux t'élever pour mieux t'écraser" aurait la réponse la plus explicite de mes véritables intentions, mais ce n'était bien sûr pas la bonne chose à faire. Il s'inquiétait pour moi, comme il l'avait toujours fait. Pas qu'avec moi, avec tout le monde. Il était adorable, en réalité. Trop adorable, justement. Mais il m'avait servi d'inspiration pour le personnage que je me bâtissais petit à petit à la cité ! C'était grâce à des idiots pareils que je pouvais me faire passer pour l'un d'eux. Cette inquiétude trahit encore une fois le fait qu'il ne m'en veuille pas. Je ne faisais pas vraiment attention au fait qu'il puisse m'attaquer ou non auparavant, ne me tenant même pas sur mes gardes, sachant très bien qu'il était inoffensif. Les actions desquelles il pensait être à l'origine avaient été réalisée de ma main, en réalité. J'étais la seule à savoir qu'il ne représentait aucun danger.

-Ne t'en fais pas pour moi Judas ! Je suis venue parce que je m'inquiète pour toi tu sais... Vivre en dehors de la cité de cette façon, je sais que je n'y survivrai pas. A ta place j'aurais aimé avoir du soutien extérieur, enfin intérieur, alors me voilà ! Je tiens à toi Judas... Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose...

Puis il posa l'ultime question. Celle qu'il voulait poser depuis mon arrivée, j'en étais certaine. Avais-je peur de lui ? Non, bien sûr que non. Comme je l'avais dis, il était parfaitement inoffensif. Il ne représentait aucun danger, et c'était ça qui faisait de lui ce petit insecte insignifiant que je pouvais manipuler à ma guise. Une véritable marionnette qui n'attendait que l'on joue avec ses fils. La marionnettiste que j'étais n'avait donc pas hésité une seconde. Seulement, Judas ne savait pas tout ça. Il me posait la question à moi, Gold la citoyenne peureuse et inquiète. Celle qui avait pour seul but d'être la plus adorable des jeunes femmes de la cité. Celle sur qui chacun pouvait compter. Bien sûr que cette Gold là avait peur. Elle avait peur que son ami perde de nouveau les pédales et s'en prenne à elle ou pire, à quelqu'un d'autre. Mais ça ne l'arrêtait pas. Parce qu'elle savait que son ami était seulement passé par quelque chose d'horrible, et que ce n'était pas en l'abandonnant à son propre sort que sa santé mentale s'arrangerait. Il avait besoin d'amis, même un seul, et Gold pouvait parfaitement remplir cette tâche. Je finis donc par m'approcher de lui, le même sourire niais sur mon visage, et lui déposa le panier dans les mains.

-Bien sûr que non ! Tu ne me fais pas peur Judas... Je sais qui tu es réellement. Tu n'es pas un tueur. Ce n'est pas ce qu'il s'est passé qui me fera changer d'avis... Tu n'étais pas toi-même. Je ne veux pas que tu t'infliges ça à nouveau. Tu es une personne formidable Judas, tu mérites bien mieux. Ne culpabilise pas pour ce qui s'est passé, tu n'y es pour rien. L'important c'est que tu ailles mieux et que ça ne recommence pas, non ?

Et pour conclure mes belles paroles je lui fis un léger baiser sur la joue. Si avec ça il ne buvait pas toutes les idioties que je déblayais, je ne savais pas ce qu'il lui fallait. Mais je savais qu'il me croirait, le doute n'avait pas sa place dans mes pensées. Il me mangeait dans la main, ça en devenait presque trop facile. Je comptais lui faire comprendre qu'il n'avait pas à culpabiliser, que c'était son esprit le réel coupable ici et non pas lui, bien que la différence soit infime. Je voulais le faire croire qu'il va mieux, que tout s'est arrangé et que jamais un tel événement se déroula à nouveau par sa faute. Et puis, je ferais la même chose, l'accusant pour un crime qu'il n'avait pas commis. Il ne s'en remettre jamais. C'était simplement génial.