Le souvenir cuisant d'une vie d'avant où le danger n'avait pas été inconnu ; des paris risqués, une volonté de sauver et protéger, mais il avait survécu. Alors que MJ se traînait jusqu'à une de ses planques dans les arches de pierre donnant sur le côté nord de l'île, il repensait à l'origine de cette blessure. Un coup de feu alors qu'il s'enfuyait sur une grue. Une chute évitée, une victoire méritée, et un repos secret.
MJ serra les dents et s'assit un instant sur le rocher qui dépassait de l'eau dans laquelle il marchait, lui arrivant jusqu'à mi-mollet. Il souleva son pantalon, laissant voir la cicatrice à côté de son tibia et sa jumelle à un placement opposé, sur son mollet. Il soupira, la douleur le lançant. On l'avait prévenu ; le muscle avait sévèrement été touché et il allait boiter le restant de ses jours. Même si sa tolérance à la douleur était impressionnante, il y avait une limite à ce que son corps pouvait encaisser et après une journée à vadrouiller dans tous les sens, il avait cette fois-ci abusé de son endurance. Le soleil se couchait et il ne pourrait pas aller beaucoup plus loin.

Reprenant la route, MJ n'entendait pas tant les bruits environnants. Son attention était concentrée sur sa jambe douloureuse, le rendant moins prudent et surtout, moins aux aguets. C'était ainsi qu'il ne fit pas attention aux petits détails, aux rochers qui avaient légèrement bougés, aux empreintes mouillées légèrement visibles sur le sol. Ce ne fut que lorsqu'il parvint enfin à sa cachette qu'il aperçut une silhouette, une chevelure blonde qu'il n'avait jamais vue et un visage juvénile ; pris par surprise, il ne cacha pas ses yeux ronds et le sursaut, le faisant titube et se rattraper maladroitement sur la paroi rocheuse contre laquelle il s'égratigna la main.

Un sifflement entre les dents fut lâché alors qu'il retirait vivement sa main pour en regarder la paume, une plaie étant venue s'installer sur sa peau blanche. Super, deux blessures maintenant ; la jambe puis la main. Il transpirait d'ailleurs, le MJ, fatigué par ses efforts et la douleur physique. Ses yeux se reposèrent sur la jeune femme devant lui mais clairement, il n'était pas au mieux de sa forme. C'était le silence qui tombait alors qu'il se sentait prêt à bondir et s'enfuir si jamais elle faisait le moindre geste suspect. Mais bordel qu'il avait soif et besoin de se reposer.

Trixie se demande ce qu'elle fait là, sur cette coulée, qui est assez dangereuse. Cela lui revient. Elle doit tester ses limites. Elle ne sait pas trop pourquoi elle s'est dit qu'elle allait commencer par ce qui semble être le plus difficile et dangereux. Ah oui. Pour que ce soit derrière elle. Elle trouve que c'est une idée assez stupide tout compte fait. Il est trop tard pour reculer... elle est arrivée elle ne sait trop comment plus loin que la moitié. La chance du nouveau peut-être. Elle préfère ne pas trop se poser de questions et juste continuer de grimper. Une fois la partie mortelle faite (ne pas trop y penser), elle est épuisée. Elle n'est pas encore habituée à ce rythme de vie si peu confortable, si loin de tout ce qu'elle a pu connaître. C'est aussi le cas de tous les autres ici, mais bon, certains arrivent à s'y adapter assez facilement de ce qu'elle a pu comprendre. Elle, elle ne pense pas que cela va arriver rapidement. Elle pense de plus en plus à la Cité, malgré ce qu'on a pu lui en dire. Les règles ne lui semblent pas être compliquées à suivre. Bref, elle va commencer l'exploration de ce coin plus tard, là, elle a mal aux pieds, mal aux jambes, à la tête aussi un peu, elle doit être déshydratée en plus de mal dormir la plupart du temps. Son nouveau chez elle ne lui convient pas du tout.

Elle recherche donc un endroit où elle pourrait se reposer. Elle trouve, pas trop loin d'un point d'eau, et ne se doute pas que si c'est aménagé de cette façon, c'est parce que c'est déjà habité. Elle s'assied, ferme les yeux, les rouvre un instant plus tard lorsqu'elle entend des bruits de pas. Ce qui la fait justement allumer à propos du coin et du fait que c'est vraiment trop beau pour être vrai. Elle se lève rapidement. « J'savais pas quelqu'un habitait ici. » s'excuse-t-elle. Elle est prête à partir, en espérant qu'il ne veuille pas lui faire payer cette intrusion, lorsqu'elle voit qu'il ne semble pas très bien aller. En plus de la blessure qu'il vient de se faire ; par sa faute même. « Vous allez bien ? » ose-t-elle demander. « Vous me comprenez ? » Cela vient de lui revenir en tête, tout le monde ne parle pas nécessairement anglais. Elle met ses mains en arrière de son dos, montrant ainsi, elle l'espère, qu'elle ne veut pas l'attaquer.