fb ∞ ghost of the past (vlad)

Y’a quelque chose de reposant dans le bruit des vagues. De régulier. D’apaisant. C’est calme, ici. Presque silencieux. Ça change des cris, des pleurs ou encore du bois que l’on tape, encore et encore. Y’a pas foule, ici. Ou pas à cette heure-là, en tout cas. Le soleil vient de se lever, et c’est les pieds ancrés dans le sable qu’elle y assiste. Pour la toute première fois. Ça a quelque chose de beau. De paisible. Ça change du chaos environnant. De toute cette folie qui s’est emparée d’elle depuis qu’elle a été catapultée sur cette île. Là, en fermant un peu les yeux, et en oubliant ses vêtements troués, elle pourrait se croire en vacances. Elle voulait visiter Hawaï depuis toujours. Ou l’Australie. Alors elle fait preuve d’imagination, et elle se projette. Une respiration, puis deux, puis trois. Les doigts qui se referment sur les grains de sable tandis que les vagues s’écrasent à nouveau contre les rochers. Manquerait plus qu’un bon cocktail à siroter, le bruit d’une mouette, et ça serait parfait.

Mais y’a la réalité qui revient au galop. Beaucoup trop rapidement à son goût. Alors Ksenia rouvre les yeux, presque à contrecœur. Du bruit, elle en est persuadée. Mais d’où provient-il ? Le cœur qui loupe une embardée, tandis que sa respiration se coupe. Sur le qui-vive, elle attend. Elle observe. Silencieuse. Stoïque. Mais qui pourrait la louper ? Elle, la seule naufragée sur cette place au sable immaculé. Elle fait tâche. Et elle se sent idiote, tout à coup. Idiote et irresponsable. C’est imprudent, de se balader seule en dehors de la Cité. Même sur la plage. Car qui sait qui rôde autour ? Ksenia ne craint pas les bêtes sauvages, après tout on lui a assuré qu’il n’y en avait pas ici. Mais ce qu’elle redoute par-dessus tout, ce sont les autres. Ceux qui potentiellement pourraient lui faire du mal. Comme ils l’ont fait par le passé. Ou comme il l’a fait durant sa première journée. Profiter de sa faiblesse, de sa vulnérabilité. Pour lui prendre le peu qu’elle a sur elle. Elle en a déjà fait les frais, même les pauvres vêtements qu’elle a sur la carne suffisent à attiser la convoitise. Alors la gamine se lève, le cœur branlant et l’équilibre vacillant. Car il y a bien une ombre qui s’approche. Qui se faufile. Si ses pas sont atténués par le sable, sa silhouette, quant à elle, ne peut faire illusion. Par chance, ce n’est pas son agresseur. Mais par malheur, ce n’est pas un visage connu. Ksenia se rassure comme elle peut, après tout elle ne connait pas tout le monde dans la Cité. Mais quand même, en deux mois, elle a eu le temps de se familiariser avec bon nombre de visages. Et celui-là ne fait malheureusement pas parti du lot. « N’approchez pas, qu’elle tente d’une voix qu’elle voudrait un peu moins vacillante. Je suis armée et je sais en découdre, qu’elle ajoute, du cran se faisant un peu plus sentir. » Parce qu’on sait jamais, si ça pouvait le dissuader de continuer à approcher… Dans un geste presque désespéré, elle fait mine de sortir quelque chose de sa poche. Mais pas sûr que ça crée l’illusion bien longtemps, surtout s’il continue à se rapprocher comme ça.

13 juin 2020
Depuis 317 jours sur l'île
Feat @Ksenia

Cela faisait quatre mois que Vlad avait été expulsé de la Cité pour s'être battu avec Gautier. Les règles de la Cité étaient claires dès le départ, il le savait. "Ne pas se battre avec un de ses membres sous peine d'exclusion". Seulement voilà, quand l'homme lui avait parlé de sa femme, du fait qu'elle l'avait peut-être déjà oublié, il avait vu rouge. Il n'avait pas réfléchi et lui avait asséné un coup de poing. Une agression qui s'était terminée en bagarre. Le Russe avait été exclu, contrairement à Gautier qui menait toujours une existence en sécurité au village de fortune.

Depuis, Vlad s'était installé dans une grotte de la forêt. Il n'était plus obligé de faire la conversation à des gens qui ne l'intéressaient pas, il pouvait enfin passer ses journées à réfléchir au meilleur moyen de trouver une porte, à faire des calculs, des conjectures. Les murs de son habitat étaient d'ailleurs remplis d'inscriptions qu'il avait laissées là avec un caillou. Mais cette vie en ermite avait également un inconvénient : il devait tout faire tout seul. Se soigner, se nourrir, se protéger. Parfois c'en était réellement épuisant.

Afin d'être sûr de ne rencontrer personne, Vlad avait décidé de venir à la plage de bon matin. Armé d'un kit de pêche de fortune qu'il avait réalisé lui-même, il s'était mis à s'enfoncer dans la mer afin de ramener quelques poissons qui le feraient tenir plusieurs jours. Malheureusement, en sortant de l'eau avec trois poissons à la main, il remarqua qu'il n'était pas seul. Au loin sur la plage, une femme était allongée. En train de... bronzer? Décidément, tout le monde n'était pas tout juste sur cette île... Etant donné qu'il était en caleçon, il prit ses vêtements dans l'autre main dans l'idée de partir le plus vite possible. Mais, déjà, la femme le hélait. Manifestement, elle pensait qu'il lui voulait du mal. Vlad lui répondit donc dans un anglais imparfait.

"- Même si la menace de ton arme me fait très peur, tu peux te rassurer, je ne vais pas t'attaquer. D'ailleurs, tu ne m'as pas vu, je m'en vais"

Encore assez loin d'elle, il n'avait pas encore réellement vu à quoi elle ressemblait. Quand elle s'approcherait, il aurait sans doute une bien étrange surprise.

À peine s’est-il approché que déjà il s’éloigne. Cela la laisse quelque peu sans voix. C’est dire qu’elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il jette l’éponge aussi facilement. Quoi, elle parait vraiment si dangereuse, avec son arme invisible à la main ? Ksenia fronce les sourcils, déconfite. Comme quoi, y’a pas vraiment que des agresseurs qui vivent dans la nature. Y’a p’têtre aussi des gens qui n’en ont clairement rien à faire d’elle et des vieilles serviettes qui lui servent de vêtements. Ou alors c’est une ruse. Il fait genre il s’en fou d’elle pour mieux l’approcher par la suite. Mais ça parait tordu. Beaucoup trop pour que ce soit réaliste. Mais que voulez-vous, depuis son arrivée ici, faut croire que la gamine est devenue un tantinet parano. Et mieux vaut toujours rester sur ses gardes si on veut survivre sur cette île de malheur.

Alors elle l’observe sans broncher, n’ayant toujours pas pris la peine de respirer. Elle le regarde faire volte-face, encore sous le choc de ce qu’il vient de se produire. Ou du moins de ce qu’il ne s’est justement pas produit. Sa tenue légère ne la choque pas outre mesure, mais ajouté à ça les vêtements qu’il tient dans une main et les poissons dans l’autre… Ksenia comprend qu’il revient de la pêche, et que visiblement il ne souhaite pas être dérangé. Mais ce n’est pas ça qui l’interpelle le plus. Il a un accent, et son anglais est très rudimentaire. Cet accent, elle le reconnaitrait entre mille, pour la simple et bonne raison qu’elle a exactement le même, bien qu’il ne soit pas aussi écorché que le sien. Ksenia, ça fait une dizaine d’années maintenant qu’elle le travaille, son anglais. Alors il n’est plus aussi haché que dans les premiers temps. « Attendez, qu’elle le hèle finalement, après maintes hésitations. Votre accent... Vous êtes russe n’est-ce pas ? » La langue employée est celle natale, à défaut de l’anglais. Pour qu’il comprenne qu’elle est comme lui. Alors oui, peut-être qu’il n’est pas russe à proprement parlé, mais en tout cas il a vécu dans les pays de l’Est, ça elle mettrait sa main à couper. Parler russe a quelque chose de nostalgique. Ça glisse sur la langue avec une facilité déconcertante. Cela fait si longtemps qu’elle ne l’a pas utilisé… Mais c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. « Je n'en avais pas encore croisé depuis que je suis ici. » C'est presque dit sur le ton de la confidence, à moitié chuchoté. Et puis elle s’approche. D’un pas, puis deux, puis trois. Gardant ses distances, car on ne sait jamais, mais curieuse d’en savoir plus sur cet homme qui semble partager ses origines.

13 juin 2020
Depuis 317 jours sur l'île
Feat @Ksenia

Vlad était bien décidé à partir aussi vite qu'il était venu. Il devait encore vider ses poissons puis les faire cuire avant de manger. Cela n'avait pas l'air, mais c'était le genre d'activité qui lui prenait facilement une heure. Tout simplement parce qu'il n'était pas très doué et qu'il n'avait jamais fait la cuisine de sa vie. Après presque un an sur l'île, il parvenait encore à faire brûler sa nourriture. Mais il la mangeait quand même, refusant de gaspiller quoi que ce soit. La nourriture était beaucoup trop précieuse.

Mais la jeune femme semblait décidée à contrarier ses plans. Plutôt que de retourner à ses occupations, elle s'approcha de lui. Oh non, il n'allait quand même pas devoir faire la conversation... Il leva les yeux au ciel mais se reprit lorsqu'il l'entendit parler russe. Ce n'était pas la première compatriote qu'il rencontrait sur l'île mais ça faisait tellement de bien d'entendre sa langue natale, de ne pas chercher ses mots pendant de longues minutes pour finir par faire des phrases simplistes. Inconsciemment, il ralentit et se laissa approcher.

"Oui, je suis Russe", lui répondit-il d'une voix presque joyeuse.

Plus la blonde approchait, moins Vlad en croyait ses yeux. C'était, c'était...

"Yelena?"

Il faillit en lâcher ses affaires de surprise. Elle était vivante et avait finalement trouvé un moyen de le rejoindre sur l'île? Il n'avait qu'une seule envie: courir vers elle et l'embrasser. Mais s'il ne l'avait pas encore fait, c'est qu'il se doutait bien que c'était trop beau pour être vrai. Cela ne pouvait pas être Yelena. Elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, mais ce n'était pas elle.

"- Je... j'ai cru... Tu ressembles à quelqu'un", dit-il sans cesser de la fixer intensément.

Comment une ressemblance pareille était-elle possible? Pour la première fois, Vlad ne savait pas quoi dire. Même s'il parlait russe, il n'avait jamais autant bredouillé depuis qu'il était ici. Voir les yeux de cette blonde posés sur lui le déroutaient plus qu'il n'aurait pu le dire. D'ailleurs, après l'avoir fixée, il osait à présent à peine la regarder. Il avait l'impression qu'il aurait pu se brûler les yeux s'il s'attardait trop sur sa silhouette.

Le partage des origines doit aider, car à mesure qu’elle s’avance elle se rend compte que l’homme ralentit. Qu’il se laisse approcher. À se demander, au final, qui c’est qui est le plus sauvage des deux. Ksenia n’est plus si sur la défensive qu’avant. Se permet de lui donner le bénéfice du doute. Il n’a clairement pas l’air dangereux. Ou en tout cas pas envers elle et pas maintenant. Les muscles se dessinent sans peine sans ses vêtements, et elle sait qu’il a une certaine condition physique. Tout comme une vilaine cicatrice qui a mal cicatrisé. Peut-être qu’il se l’est faite ici ? Qui sait. Il ne serait ni le premier ni le dernier, cette île n’ayant rien de paradisiaque quand on gratte un peu sous la surface.

Si jusqu’à présent l’homme ne montre que très peu d’intérêt pour elle, y’a tout à coup quelque chose qui change, sans qu’elle ne puisse dire pourquoi. Est-ce le fait qu’elle soit russe qui le fait changer si subitement ? Y’a quelque chose dans son regard qui s’illumine. Qui s’embrase. Et ça la laisse une nouvelle fois sans voix. Est-ce qu’ils se connaissent ? C’est en tout cas l’impression qu’il donne, surtout quand il murmure ce Yelena. De sa sombre carrière de prostituée, elle s’est faite appeler par bien des noms. Mais Yelena n’en faisait pas parti. Ça ne vient donc pas de là, et il fait visiblement erreur. « Ksenia, en réalité, qu’elle se permet donc de rectifier, les sourcils froncés. » Où est-ce qu’il veut en venir ? Elle pressent qu’elle va bientôt le savoir. Après l’espoir vient le désespoir, et même si Ksenia ne comprend rien à la situation, elle peut pas s’empêcher d’en sentir son cœur se serrer. Qui que soit cette Yelena, visiblement elle compte beaucoup pour lui. Finalement, après un silence pesant de quelques secondes, il s’excuse et confirme son soupçon. Son regard qui darde dans sa direction, qui l’analyse sous tous ses angles, ça a quelque chose de dérangeant. Mais en même temps vu la confusion qui règne… Disons qu’elle n’y prête pas attention plus que ça et qu’actuellement elle ressent plus de la peine pour cet homme dont la déception est palpable qu’autre chose. « Qui est-elle ? » Sa sœur ? Sa femme ? Ça pourrait difficilement être autre chose vu la différence d’âge entre eux deux. Elle sent, mine de rien, que la carapace de l’homme s’est fissuré. Qu’il s’est passé quelque chose en lui qui le déstabilise. Alors Ksenia attend, patiemment, lui laissant le temps de digérer la nouvelle. D’assimiler cet ascenseur émotionnel qui n’a rien d’agréable étant donné qu’il aboutit à un banal mais visiblement douloureux faux-espoir.

13 juin 2020
Depuis 317 jours sur l'île
Feat @Ksenia

Pour la énième fois sur cette île, Vlad ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Comment était-ce possible qu'une femme qui ressemble autant à Yelena soit tranquillement allongée sur la plage? Etait-ce sa soeur? Un membre de sa famille? Le Russe cherchait une explication, sans pouvoir la trouver. Il avait fini par réaliser que tout ce qui se passait ici n'avait pas forcément d'explications... Mais elle était là, elle, cette jeune femme qui ressemblait tant à la sienne. Naturellement, elle l'interrogea sur ce "Yelena" qui avait franchi ses lèvres. Mais Vlad n'avait pas envie d'en parler. Pas maintenant.

"- Peu importe"

En réalité, si, cela importait aux yeux du policier. Plus que tout même. Mais il avait l'impression que s'il parlait de Yelena avec cette jeune femme, cela entérinerait le fait que Ksenia n'était pas elle. Et il ne le voulait pas.  

"- Qu'est-ce que tu faisais toute seule sur la plage?", demanda-t-il d'un ton accusateur.

Le fait qu'elle ressemble autant à sa femme lui avait automatiquement donné envie de la protéger. Certes, la plage était l'un des lieux les plus sûrs de l'île, mais il n'était jamais bon de s'aventurer hors de la Cité sans être accompagné.

"- Je viens de pêcher du poisson. Si tu as faim..."

Mais qu'est-ce qui lui prenait au juste? Pourquoi invitait-il une femme à partager un repas avec lui? Il était devenu complètement fou ou quoi? Oui, il était fou... Fou de sa femme. Et c'est pour cette raison qu'il ne pouvait pas laisser partir Ksenia. Pas tout de suite. Mais il y avait de grands risques que la jeune femme se braque et se demande pourquoi un inconnu tenait absolument à l'écarter du groupe. Cela dit, en ce moment, il avait plutôt l'air d'un chiot égaré que d'un psychopathe.

Peu importe. Il y a tout sauf du désintérêt dans sa voix. Ça crève les yeux. Cette Yelena n’est pas n’importe qui pour lui, et pire, elle n’est pas rien. Mais Ksenia ne relève pas et préfère garder le silence. Parce qu’elle ne veut pas se montrer plus intrusive qu’elle ne l’a déjà été. Et que mine de rien, c’est pas ses oignons tout ça. La curiosité est un vilain défaut, et elle ne compte pas tendre le bâton pour se faire battre. Sans compter le fait qu’il ne souhaite visiblement pas en parler. Creuser encore, ça serait risquer de le contrarier, et ça, ça ne l’intéresse pas du tout. Donc autant jeter l’éponge pour le moment, après tout, s’il a envie de lui en dire plus alors tôt ou tard elle aura les pièces du puzzle manquantes.

Elle s’imagine que la conversation va s’arrêter là. Qu’après cette méprise l’homme va reprendre son chemin vers la forêt et qu’il va la laisser en plan. Sauf qu’il ne bouge plus. Qu’il continue à avoir son attention rivée vers elle. Il se permet même, d’ailleurs, de lui demander ce qu’elle fait ici, toute seule sur la plage. Les sourcils se froncent d’autant plus devant le timbre assez accusateur qu’il emploie. Comme un père qui gronde sa fille. Comme s’il en avait quelque chose à faire de son sort, alors qu’il y a même pas trois minutes il était prêt à passer son chemin sans lui adresser la parole. Une attitude qui démontre bien qu’il est totalement paumé dans ses pensées. « J’avais besoin de prendre l’air. Je n’ai pas quitté la Cité depuis que je suis arrivée, et je ne pensais pas qu’à cette heure aussi matinale je puisse croiser quelqu’un. » Ksenia est sympa, elle s’explique. Même si elle sent que la réponse ne va pas forcément plaire à cet homme. Parce qu’elle a eu tort de se croire en sécurité. Parce que cette fois elle est tombée sur lui, mais qui sait, la prochaine fois, la rencontre pourrait être bien plus houleuse. Mais bref, elle ne connait pas cet homme et n’a rien à lui prouver. Elle est grande et elle fait ses propres choix, et si ça ne lui plait pas… Et bien tant pis ? Non c’est pas comme ça que ça marche ?

Finalement, il en vient à lui proposer de partager son poisson. Ce qui intrigue Ksenia plus qu’autre chose. Car bon, elle a très vite compris que les denrées alimentaires étaient rares, surtout la viande, et que bon, la partager avec une inconnue, comment dire ? « C’est un piège ? » Au moins on ne peut pas lui reprocher sa franchise. Certes, il n’a pas l’air méchant, mais bon, elle connait les combines des psychopathes pour rameuter les filles dans leur camion. Et souvent, les plus dangereux sont justement ceux qui ne le paraissent pas. « Qu’est-ce qui m’dit que vous n’avez pas inventé toute cette histoire et que c’est pas votre combine pour kidnapper des jeunes filles égarées aux allures peu farouches ? » La suspicion qui revient donc au galop. Car si Ksenia a été de prime abord touchée par cet homme et ses désillusions, elle n’en est pas moins naïve au point de le suivre sans sourciller. Enfin pas naïve à ce point, en tout cas. Et pas sans explications un peu plus poussées.  

13 juin 2020
Depuis 317 jours sur l'île
Feat @Ksenia

Vlad avait été trop loin en lui proposant de partager un repas avec lui. Voilà maintenant qu'elle se demandait si son invitation n'était pas un piège et s'il ne comptait pas la kidnapper. Le Russe ne savait pas trop quoi répondre mis à part un "si j'avais voulu te kidnapper, ce serait déjà fait depuis longtemps" mais il n'avait pas envie de passer pour un psychopathe encore plus que maintenant. Au lieu de ça, il se remit à fixer Ksenia de haut en bas, la bouche entrouverte. Ce n'était pas vraiment mieux, mais il ne s'en rendait pas compte.

"- Aux allures peu farouches?"

Vlad laissa échapper un rire. C'était exactement le genre de choses qu'aurait pu dire sa femme. Cela l'encouragea à poursuivre sur son idée, qui n'était pourtant pas des plus malignes.

"- Tu as raison de te méfier des inconnus ! On peut manger ici? Comme ça, tu peux partir quand tu veux"

Hors de question de toute façon de l'emmener près de sa grotte. La forêt était trop dangereuse et il ne tenait pas à ce qu'elle sache où il habitait.

Légèrement inquiet à l'idée de croiser des gens de la Cité, il fit quelques pas pour s'éloigner quelque peu, tout en restant sur la plage, à la lisière de la forêt.

"- Il nous faudra du bois pour faire un feu. Tu peux t'en occuper?"

Il espérait bien qu'elle ne refuserait pas son invitation. Pour une fois qu'il était sympa avec quelqu'un...

Y’a un haussement de sourcil quand il réplique en rigolant par rapport à son allure peu farouche. Le bon côté, c’est qu’au moins l’allusion lui aura fait décrocher un sourire, chose qui, elle l’imagine, doit être rare. Mais bref, ça a le don de détendre l’atmosphère et c’est pas plus mal. « Bah quoi, tu vas pas me dire que tu y as sérieusement cru, au coup du couteau invisible ?! » Parce que ça elle a du mal  à y croire. Ou alors c’est juste parce qu’elle manque de confiance en elle et que mine de rien elle en impose plus qu’elle ne l’imagine. Mais bon, à en croire la manière dont elle s’est fait détrousser en arrivant ici, difficile d’interpréter ça autrement. N’empêche qu’il y a un soupçon de sourire qui se dessine sur son visage. Qui le déride. Un premier pas de franchi.

Surtout qu’il lui propose un compromis. Manger ici les poissons ne semble pas une mauvaise idée, bien au contraire. Au moins elle resterait près du camp –et avec un peu de chance si elle hurlait elle finirait peut-être par se faire entendre- et en plus dans une zone sécurisée. Du coup ça parait tout benef pour elle. « Entendu, qu’elle conclue donc. » Ce qui suit, par contre, la fait un tantinet déchanter. Lui proposer à elle d’aller chercher du bois ? Oui mais non ? Comment dire ? Ksenia alterne son regard entre la forêt et l’homme, plus si en confiance que ça. Elle sent un frisson parcourir son échine quand en plus le cri d’un animal sauvage –lointain, mais quand même- se fait entendre. Courageuse mais pas téméraire, la gamine. « Je préférerais vider les poissons plutôt que de m’aventurer là-dedans, qu’elle précise, grimaçante. » Elle ne souhaite pas lui faire part de sa peur de parcourir cette forêt, parce que déjà elle n’a pas envie de montrer cette faiblesse, du coup elle préfère renchérir, « Juste au cas où y’ait ta bande de potes cannibales qui m’attende derrière. » Un haussement d’épaules tandis qu’elle croise les bras au niveau de sa poitrine. Elle est arrivée ici y’a presque deux mois et c’est genre la première fois qu’elle s’aventure hors des murs de la cité. Donc autant dire que se charger de la mission de ramener du bois… Disons que c’est surement pas une très bonne idée. Elle était médecin, pas scoot, donc la nature, tout ça, c’est encore très rudimentaire pour elle et elle serait capable de ne pas réussir cette simple mission. « Il me faudra ton couteau, aussi. C'est à prendre ou à laisser. » Ksenia qui négocie. Qui impose le prix de sa présence à ses côtés. Elle devrait avoir confiance en lui, ou en tout cas c’est ce qu’il insinue et lui propose. Mais pour ça, il faudrait aussi qu’il ait confiance en elle. Lui confier les poissons en échange, certes, c’est prendre un risque. Mais c’est donnant-donnant, ça doit aller dans les deux sens. Alors, jusqu'où est-il prêt à aller pour rester en sa compagnie ? Est-ce qu'à trop imposer Ksenia ne risque-t-elle pas de dépasser les bornes et de tout perdre ? Verdict au prochain épisode.

13 juin 2020
Depuis 317 jours sur l'île
Feat @Ksenia

Vlad avait eu ce qu'il voulait : il avait réussi à ce que Ksenia l'accompagne pour le petit déj. Mais la jeune femme avait des conditions. Notamment qu'il lui donne son couteau. Il fronça les sourcils. D'habitude il ne se séparait jamais de son arme (sauf pour aller pêcher). Mais il pouvait bien faire une exception. Pour les beaux yeux de Yelena (qui n'était pas vraiment elle).

"- Très bien", dit-il.

Maintenant qu'il avait un peu séché, il enfila ses vêtements: un t-shirt simple, composé de quelques trous, et un pantalon léger, sale mais confortable. Il sortit un couteau de son pantalon et le tendit à Ksenia. Il posa les poissons qu'il venait de pêcher dans le sable. Puisqu'elle voulait les vider, il n'allait pas se faire prier. Il détestait cuisiner et, encore maintenant, brûlait parfois ses plats.

Sans dire un mot supplémentaire, il s'éloigna un peu dans la forêt, la laissant seule. Il n'était plus armé mais il ne prenait pas trop de risques dans cette partie proche de la Cité. En réalité, le pire ennemi qu'il aurait pu rencontrer en ce moment-même, ce n'était pas un animal mais bien un homme rancunier qui aurait émergé de nulle part. En dix minutes top chrono, il ramassa des bouts de bois de l'herbe sèche ; tous les ingrédients qui lui permettrait d'allumer un feu. Il revint voir la jeune femme qui avait déjà bien avancé.

"- Me revoilà. Au fait, tu es ici depuis combien de temps? Je ne t'avais jamais vue avant"

Tout en parlant, il se mettait déjà à préparer le feu. Son escapade seul dans la forêt lui avait fait réaliser que c'était une mauvaise idée d'être seul en sa compagnie. Mais dès qu'il était revenu près de la plage et qu'il l'avait vue, il avait complètement oublié qu'il s'était juré de partir sans demander son reste. Il voulait la connaître. Il voulait voir si elle lui ressemblait vraiment en tout point.

Et finalement, il accepte. Se prête au jeu. Ksenia ne peut pas s’empêcher de laisser s’échapper un sourire quand il lui tend les poissons et le couteau. D’une façon ou d’une autre, il a confiance en elle, car c’est le genre d’objets de valeur et de denrée qu’on ne confie pas à n’importe qui. Ça peut être risqué pour lui, d’ailleurs, et lui jouer des tours. Car qui lui dit que Ksenia n’est pas mal intentionnée ? Qu’elle ne va pas profiter de son absence dans les bois pour courir dans la cité remettre ses trouvailles ? Un couteau ça peut toujours servir, et les poissons raviraient les papilles de plus d’une personne. Un instant, Ksenia hésite. Elle alterne son regard entre la mer ou la cité qu’elle distingue de loin. Se dit qu’après tout elle ne doit rien à cet homme et qu’il pourrait payer son imprudence –comme elle l’a payée à son arrivée sur cette île-. Mais elle se ravise. Ecarte cette idée d’un battement de cils. Parce qu’elle n’est pas comme ça, Ksenia. Qu’elle n’est ni une voleuse, ni une menteuse.

Alors elle va jusqu’à la mer et attrape son premier poisson. L’eau jusqu’au niveau des mollets, elle se penche pour ouvrir l’animal avec le couteau. Elle ne souhaitait pas cet outil juste pour le plaisir, mais plutôt pour le confort de pouvoir ouvrir le poisson plus facilement qu’avec ses simples doigts. Vider le poisson de ses entrailles est un jeu d’enfant. De par son passé assez misérable, elle avait déjà appris à le faire. Et à présent elle peut y ajouter sa précision de médecin avec ses doigts agiles et adroits. Au final, quand l’homme revient avec son tas de bois, Ksenia en est au dernier poisson. « Quasiment deux mois, et toi ? » Le regard qui reste concentré sur la tâche, avant que finalement celle-ci ne soit terminée. Se redressant, elle ajoute, « Tu n’habites pas dans la cité, c’est ça ? Un visage inconnu et un caractère trop mal léché pour que ce soit le cas. Ce n’est pas trop dur de vivre en-dehors de ces murs ? » La curiosité qui s’insinue, lentement mais surement, tandis que le tutoiement, lui, est venu tout seul, sans vraiment qu’elle ne s’en rende compte. Attrapant les trois poissons et le couteau, elle se dirige vers le feu qu’est en train de faire l’homme, profitant qu’il ait ramené des grosses feuilles de bananier pour y déposer les poissons. Chose faite, elle se tourne ensuite vers lui pour lui rendre son couteau. « Merci. Tu as dû mettre du temps pour le fabriquer. » Une remarque qu’elle se fait à voix haute. Parce qu’elle est tellement loin d’être une Robinson Crusoé que de voir les autres se débrouiller et survivre de la sorte… Ça force forcément l’admiration.

13 juin 2020
Depuis 317 jours sur l'île
Feat @Ksenia

Pendant qu'elle vidait les poissons, Vlad installa tout ce qu'il fallait pour réaliser un feu. Il attendit qu'elle revienne pour récupérer son couteau et faire un trou dans un bout de bois plat et assez large. Dans ce trou, il inséra une branche et commença à la faire tourner entre ses mains, de plus en plus vite. Il exécuta plusieurs opérations qui consistaient à créer un frottement entre les deux bouts de bois. Au bout de plusieurs minutes, de la fumée émergea. Vlad en profita donc pour la recouvrir doucement d'herbes sèches. Il fit tournoyer le tout quelques secondes dans les airs et, miracle, un feu émergea. Il déposa les braises sur un foyer plus imposant et laissa le feu prendre tranquillement. Lorsqu'il était arrivé sur l'île, il lui avait parfois fallu une heure pour y arriver. Maintenant, il faisait généralement du feu en dix minutes maximum. Maintenant que tout cela était fait, il avait à nouveau le temps de parler à Ksenia.

"- Un peu moins d'un an", dit-il.

Même s'il détestait cette île plus que tout au monde, il avait du mal à réaliser qu'il était ici depuis tout ce temps. A la fois, c'était passé lentement et, à la fois, c'était passé vite...

"- Je vis dans la forêt. Au moins, personne ne vient m'embêter. C'est moi qui embête les autres", dit-il, faisant allusion à leur rencontre fortuite.

Qu'est-ce qu'il lui arrivait? C'était sans doute la première blague qu'il faisait depuis qu'il était sur Nil. Il n'aborda en revanche pas le sujet du couteau. En réalité, il l'avait volé après avoir été expulsé de l'île pour s'être battu. Inutile de rentrer à ce point dans les détails...

"- Tu finiras par apprendre tout ce dont tu as besoin pour survivre", la rassura-t-il.

Il le fallait car, même à la Cité, les choses pouvaient rapidement tourner au vinaigre. Il en savait quelque chose.

"- Alors, tu es d'où exactement en Russie?"

Parler de son pays natal lui faisait du bien et, en plus, il tenait absolument à comprendre pourquoi elle ressemblait si fortement à Yelena. Elle ne pouvait qu'être sa soeur... Elles devaient donc forcément avoir vécu dans la même région. Ce n'était pas possible autrement...

Il est habile, c’est indéniable. D’entre ses doigts la fumée ne met pas longtemps à apparaitre. Ksenia, elle a les mirettes qui s’émerveillent. Qui scintillent et qui pétillent, comme au premier jour où elle a vu quelqu’un faire du feu. C’est tellement beau. Tellement admirable. Ksenia n’est pas une aventurière, alors forcément de voir quelqu’un réaliser une telle prouesse avec une facilité aussi déconcertante… Elle en reste bouche bée. Comparée à lui, elle est encore une novice en la matière. Mais elle y arrive, c’est déjà ça. En même temps c’est un peu un des premiers objectifs quand on arrive sur l’île. Trouver de l’eau, trouver de la nourriture, puis faire du feu. Pas le choix si on veut survivre. Du coup, quand il lui avoue que ça fait presque un an qu’il est ici, ça ne la choque pas plus que ça. Parce que ça se voit qu’il est à l’aise en ces lieux. Que ce soit en pêchant, en fabriquant ce couteau, ou encore en allumant ce feu en deux temps trois mouvements. Elle a appris que leur présence en ces lieux était comptée. Que si ils ne s’échappaient pas au bout de quatre ans s’en était fini d’eux. Du coup, il lui reste encore trois ans. Quand on y pense, on se dit que y’a encore le temps. Mais au final ça semble passer tellement vite…

Un sourire amusé qui éclaire son visage face à sa seconde réplique. Un vrai ours mal léché, elle semble bien l’avoir cerné. « Et les guépards se tiennent à l’écart ? » Y’a de l’admiration qui perce dans sa voix. Parce qu’elle jamais Ô grand jamais elle ne s’imaginerait vivre seule sur cette île. Quand on connait les dangers qui y rodent… Non non non. Utilisant une branche comme broche, elle s’emploie à embrocher les poissons pour les suspendre au-dessus des flammes. Puis elle prend place en face de l’homme, croisant les jambes dans le sable. Un haussement d’épaules quand il lui dit qu’elle finira par apprendre. « J’espère. De toute façon je n’ai pas le choix… » La voix qui se coupe, qui se perd dans un murmure. C’est souvent qu’elle se demande ce qu’elle fait ici. Qu’elle est la raison de sa présence en ces lieux. Est-ce qu’elle réussira en quatre ans à trouver la force de survivre pour passer une de ces portes si difficile à atteindre ? Elle, elle n’a personne qui tient à elle. Personne qui se souciera de la voir disparaitre. Alors comparée à d’autres, est-ce qu’elle mérite seulement de partir ? Un silence qui s’installe tandis qu’elle est perdue dans ses pensées. Finalement c’est la question de l’homme qui la reconnecte à la réalité. « Je suis née dans un petit village près de la Sibérie. Une enfance misérable, rien de bien intéressant. Je suis ensuite allée à Moscou pour réussir à décrocher une place dans une université américaine. J’y ai étudié la médecine et depuis je vis là-bas. Une pause, le temps de reprendre son souffle. Bien évidemment tout n’a pas été si simple, mais elle ne se sent pas de rentrer dans les détails. Ça faisait longtemps que je n’avais pas parlé à un compatriote, ça fait du bien. Nouvelle pause. Et toi, c’est quoi ton histoire ? » Elle est curieuse de la connaitre.

13 juin 2020
Depuis 317 jours sur l'île
Feat @Ksenia

Lorsque Ksenia lui demanda si les guépards le laissaient tranquille, Vlad ne put s'empêcher de sourire. Il n'avait pas (encore) eu affaire à un félin sur l'île. Mais il se montrait toujours très prudent, regardant systématiquement autour de lui et gardant toujours un arbre à proximité. De cette façon, il pouvait monter le long de l'arbre pour se protéger. Il n'avait de toute façon pas d'arme qui aurait pu venir à bout d'un guépard ou d'un lion. Et il fallait être fou pour s'attaquer frontalement à ces bêtes surpuissantes.

"- Le feu fait fuir les animaux sauvages. Et je place systématiquement un feu devant l'entrée de ma grotte. Comme ça, je suis tranquille", dit-il.

Il ne savait pas pourquoi il lui donnait ce conseil de survie étant donné qu'elle était à la Cité et n'en avait pas besoin. A moins que ce soit pour se vanter de son ingéniosité? Il ne savait pas vraiment...

Ksenia lui expliqua être issue d'un petit village de Russie. Rien à voir avec le Moscou où Yelena avait grandi. Décidément, ces deux femmes n'avaient aucun pan de leur histoire en commun, ce qui était vraiment très très troublant.

"- Comme ça tu es médecin. Tu vas avoir fort à faire sur l'île", dit-il, conscient que tout le monde se blessait tout le temps, que ce soit légèrement ou gravement. Lui-même avait quelques cicatrices de blessures faites sur l'île. "Moi je suis flic. Cela faisait plusieurs années que j'étais infiltré dans un gang pour pouvoir les arrêter. Mais... je n'en ai pas eu le temps finalement"

Vlad savait que la police en Russie n'avait pas très bonne réputation. La plupart des agents étaient corrompus. Et si lui-même voulait faire mieux que ceux-là, il ne pouvait s'empêcher de réaliser qu'il s'était mis à "apprécier" ce gang et à se sentir plus à l'aise avec eux qu'avec les policiers. Mais, ça, c'était une autre histoire dont il ne parlerait pas tout de suite avec Ksenia. Bizarrement, il n'aborda pas non plus le fait qu'il était marié alors que, d'habitude, il le criait sur tous les toits.

Légèrement mal à l'aise, Vlad tourna machinalement les poissons, même s'ils n'avaient pas encore besoin de l'être. Il fallait qu'il s'occupe les mains pour ne pas se mettre à trop penser.

Elle acquiesce en silence quand il lui explique faire très attention. C’est de toute manière le B.A-BA quand on vit sur une île sauvage, d’autant plus quand on décide de faire l’aventure seul. Si l’homme est en vie depuis presque un an, ce n’est pas pour rien. C’est qu’il sait se montrer prudent et ingénieux. Elle note, dans un petit coin de sa tête, l’indice qu’il vient de lui fournir, l’air de rien. Alors comme ça, il vit dans une grotte. Elle ne sait pas trop ce qu’elle fera de cette information, mais se dit que c’est toujours utile à savoir. Elle pourrait, en cas de besoin, savoir à peu près où chercher. Quoi que ça rimerait presque avec une mission suicide, car ne s’étant jamais aventurer seule dans la jungle, ça lui serait compliqué, pour ne pas dire impossible, de savoir dans quelle zone chercher. Des zones rocheuses, il y en a à foison, alors… Ça se résumerait à chercher une aiguille dans une botte de foins, avec de potentiels guépards et autres créatures sauvages à ses trousses. Autant dire qu’elle ne s’y risquerait pas, sauf si danger de mort (du genre la Cité a pris feu, elle est obligée de fuir, et elle n’a de toute façon nulle part ailleurs où aller). Une situation qu’elle n’espère bien évidement absolument pas.

Un rire sarcastique qui s’échappe d’entre ses lèvres quand il lui fait la réflexion qu’elle doit avoir à faire en étant médecin sur l’île. « La médecine que je connais et celle que je dois employer sur l’île n’ont pas grand-chose à voir, qu’elle commente, désabusée. Ça s’apparente surtout à du rafistolage et à beaucoup de prières pour éviter les infections… » Car sans antibiotiques et sans matériel digne de ce nom, difficile de faire une médecine de qualité. « Enfin bon, j’en apprends tous les jours, au moins on ne peut pas dire que ce soit redondant comme occupation. » Un autre petit rire pour essayer de positiver et de relativiser. Et puis être médecin ça lui donne un certain statut par rapport à d’autres, et elle évite ainsi la majorité des tâches ingrates. Ça plus le fait d’être exemptée de partir en mission dangereuse tous les quatre matins. Son sourcil qui s’arque quand il lui dit qu’avant il était policier et infiltré dans un gang. « Vraiment ? Elle a du mal à y croire, même si au fond dans sa voix elle n’en doute pas une seule seconde. C’est original. Et dangereux… Ça vient de là tes cicatrices ? » Elle désigne d’un coup d’œil celle qu’il a dans son flanc et qui semble plutôt ancienne.