Can't go back [Libre]

28 août
Jour 2
Sujet Libre

Quand tu étais arrivé, tu avais essayé de repasser à l'endroit où la porte t'avait lâché, sans succès. Tu avais crié, paniqué, tu t'étais griffé et pincé en espérant te réveiller, et au bout de quelques minutes, tu avais fini prostré sur le sol près d'un arbre, tout près de la plage, la tête dans les genoux, sanglotant.

Les heures avaient passé et tu devais te rendre à l'évidence que ton environnement n'allait pas changer de sitôt. Faire l'autruche en PLS dans un coin n'allait pas t'aider, d'autant plus que tu commençais à avoir faim et soif. Tu avais marché le long de cette plage, te cachant si tu voyais des gens arriver. Tu avais été jusqu'à l'eau quand personne ne pouvait te voir, mais évidemment, elle était salée. Tu étais retourné vers les arbres, et tu avais simplement dormi là, épuisé.

Le soleil du matin venait de te réveiller. Tu regardais aux alentours, cherchant du coin de l'œil quelqu'un. Oh, tu avais peur qu'on te fasse du mal, mais tu avais désormais trop faim et soif pour continuer à te cacher si quelqu'un arrivait. Les explications sur la raison de ta présence ici pouvaient bien attendre : tu étais en mode survie. Tu aurais voulu commencer à explorer par toi-même, mais tu avais un mauvais pressentiment à propos de cette forêt que tu apercevais non loin : ça te rappelait un peu trop ton père... Et puis tu n'avais aucun équipement. Comment t'allais pouvoir t'en sortir, seul ? C'était impossible...

C’était devenu une habitude de venir ici. Pas forcément tous les matins, mais au moins une fois par semaine, si ce n’est plus. Dans ta tête tu t’étais trouvée le prétexte que c’était pour être seule. Pour profiter du bol marin et de ses effluves. De ce calme et de la solitude, ce qui contrastait avec la Cité et toutes ses animations. Et puis le levé du Soleil avait quelque chose d’apaisant. Une nouvelle journée. Au fond, tu savais qu’il n’y avait pas que ça. Que tes mirettes étaient rivées ailleurs lorsque le Soleil se levait. Qu’elles le cherchaient lui. Cet homme si singulier, si charismatique. Cet ours mal léché qui pourtant, quand on réussissait à l’apprivoiser, avait bien des choses à offrir. Vladimir. Tu l’avais rencontré sur cette plage il y a ça deux mois, et presque naïvement tu espérais qu’il puisse revenir. Même jour, même heure, même temps. Mais jusqu’à présent c’était des échecs.

Enfin bon, tu ne perds pas espoir, et une fois encore te voilà qui erres sur la plage, la longeant, chaussures à la main pour mieux profiter des vagues fraîches contre tes chevilles. Une nouvelle journée qui commence. Ton regard qui alterne entre la forêt et l’horizon, qui profite tandis que le vent ébouriffe tes longs cheveux dorés. On se croirait presque en vacances. Presque sur une île paradisiaque. Presque. Un soupire qui s’échappe d’entre tes lèvres. Finalement tu quittes les berges pour aller t’ancrer dans le sable encore froid. Assise, tu enfouis tes doigts et fermes un instant les yeux, respirant à pleins poumons l’air marin. T’es sereine. Presque rêveuse, et n’imagines pas une seule seconde que tu viens de t’arrêter à l’endroit même où, quelques mètres plus loin, un inconnu vient de se réveiller. Mais t’es pas une pro de la survie, et ton instinct a quelque chose de non-intuitif, alors… Comment aurais-tu pu le savoir ?

28 août
Jour 2
@Ksenia

Tu l'as vue arriver, cette jeune femme. Tu ne la connais pas (et comment aurais-tu pu la connaître), et tu te demandes un moment ce qu'elle cherche, à simplement se promener sur la plage. Elle semble si calme, si sereine par rapport à toi dont les nerfs lâchent les uns après les autres. Tu trembles de froid, de faim et de fatigue, mais tu réussis quand même par miracle à te mettre debout, et à l'approcher. Pas trop. Tu sais que tu dois faire peur, et tu ne veux pas qu'elle fuie.

— Euh... je... bonjour... On est où ?

Ta voix ne te ressemble pas : elle est rauque à cause de ta gorge sèche, et tu devines que tu n'en mènes large. Tu as sûrement l'air misérable, des cernes sous les yeux et un visage à faire peur. Tu espères juste qu'elle veuille bien t'aider, au-delà du fait qu'elle n'en serait peut-être pas capable. Tu ne penses pas un seul instant qu'elle ne puisse pas en savoir plus que toi. Elle a l'air si... À l'aise. Chez elle. Cela t'intrigues, et tu te questionnes.

— Vous habitez là...?

Parce que tu es sûr que 1. tu n'es plus à Londres, et 2. que Londres doit être extrêmement loin de cette plage. Tu ne veux même pas commencer à te demander pourquoi ou comment tu es arrivé ici : tu avais mis assez de temps à faire taire ton cerveau à ce propos.

Mais il y a un bruit dans ton dos. Presque imperceptible au début, mais qui s’amplifie à mesure qu’il se rapproche. Quelqu’un qui approche. Dans un premier temps, t’as l’espoir fou que ça puisse être Vladimir. Alors c’est presque un peu trop subitement que tu te retournes, un sourire à moitié dessiné sur tes lèvres. La déception est aussi rapide que l’excitation, et bientôt c’est la peur qui déforme tes traits tandis que tu as en face de toi un sombre inconnu. La première chose qui te frappe, c’est son côté misérable. Son air mal en point. Il a l’air au bout du rouleau, aussi épuisé que déshydraté, et probablement affamé aussi. De prime abord, il ne te fait pas peur, mais tu soupçonnes assez bien les hommes de cacher quelques ressources insoupçonnées quand ils se sentent au bord du gouffre. C’est fou ce qu’on est prêts à faire quand on sent que la vie s’échappe d’entre nos doigts… Du coup, tu préfères rester sur tes gardes. Faisant volte-face, tu te relèves rapidement, attrapant tes chaussures pour les caler sous un de tes bras. Juste au cas où tu doives faire le sprint de ta vie, au moins tu es prête. Sa première question te fait froncer les sourcils. Il te rappelle trop bien la toi qui as débarqué ici. Un petit nouveau, alors ? Lentement tu baisses ta garde, bien que tu gardes en mémoire que peut-être tout ça n’est qu’une mise en scène. Question de survie. « On est sur une île. Ils disent qu’elle s’appelle Nil. » Tu emploies le terme ils pour parler des autres habitants. De ceux qui sont là depuis bien plus longtemps que toi. Une grimace qui étire tes lèvres quand il te demande si c’est là que tu habites. « Habiter est un bien grand mot. Disons plutôt que c’est ici que je suis retenue prisonnière. Que nous, et tu insistes bien sur ce mot, sommes retenus prisonniers. Une pause, un silence, le temps de lui laisser le temps de digérer l’information. Tu viens d’arriver, c’est ça ? Toi aussi tu te souviens d’avoir passé une porte, puis de t’être réveillé ici ? C’est toujours comme ça que ça se passe, apparemment. » Le timbre se veut doux, compréhensif. Qu’il se sente en confiance et que, quand bien même ce que tu es de lui dire peut paraître délirant, il ait des raisons de te croire. « Je m'appelle Ksenia, et toi ? » Un petit sourire encourageant qui s'affiche. Qui se veut communicatif.

28 août
Jour 2
@Ksenia

La jeune femme ne te semble pas agressive, et tu ne l'approches pas plus que nécessaire. Tu as bien conscience de ton état. Malgré ta détresse évidente, tu affiches un sourire, trop soulagé de voir quelqu'un là, qui manifestement parlait anglais aussi. Ce qui te paraît moins encourageant, c'est ce que la jeune femme te raconte.

— Une île...?

Tu as envie de répéter tout ce qu'elle te dit sur un ton niais parce que tu ne comprends pas un traître mot. Oh, ça arrive jusqu'à ton cerveau mais ce dernier refuse d'assimiler l'information. Nil... Alors déjà c'était un fleuve et pas une île, et ensuite...

— Attends, on est prisonniers !? C'est quoi ce bordel...?

La suite est douloureusement familière. Elle te parle de porte, de t'être réveillé au milieu de nulle part et... Oui, c'était exactement comme ça que ça s'était passé. Tu hoches la tête doucement, avant de reprendre tes bonnes habitudes britanniques :

— Oh, mille excuses, on m'appelle Silver... C'est pas vraiment mon prénom mais personne m'appelle jamais par mon prénom.

Parler ainsi de la façon dont on te nommait avait une douce saveur de familiarité, quelque chose de réconfortant. Déjà, tu avais encore toute ta tête, et c'était déjà pas mal. Enfin, pour le moment. Si tu restais sur cette plage, tu n'étais pas sûr de pouvoir tenir très longtemps, mentalement.

— Combien on est...?

Tu ne t'imagines pas plus de cinq gusses autour d'un feu, mais ce faisant tu réalises que tu n'en sais rien. C'est bien ça le problème : tu n'as aucune idée de ce qu'il se passe... Heureusement que Ksenia était là.

Y’a un air familier entre vous. Ce regard perdu et cet air misérable. Il te rappelle toi quand tu as débarqué ici. Sauf que contrairement à lui ta première rencontre n’a pas été aussi agréable. Ou en tout cas aussi pacifique. Y’a un frisson qui t’hérisse l’échine à cette pensée tandis que d’un battement de cil tu préfères chasser ce sombre souvenir. « Oui, une île. Avec l’océan tout autour, et vraisemblablement aucun moyen de s’en échapper. D’où le côté prisonniers. En soit il n’y a pas de bourreaux, seulement les contraintes géographiques du lieu… Tu préfères taire le côté chasse aux portes pour le moment, parce que ça fait déjà beaucoup à digérer en très peu de temps. Ici on se trouve sur sa partie Sud. La plage est un des endroits les plus sûrs, avec la Cité. Pour le reste, c’est assez sauvage. Y’a des félins, entre autres créatures dangereuses, qui sillonnent les alentours. Et c’est encore pire dans la partie Nord, donc si tu tiens à la vie écartes-t-en. » Autant qu’il soit mis au parfum dès maintenant. Qu’il sache à quoi s’attendre en errant sur l’île tout seul, sans arme et sans pas grand-chose d’autre si ce ne sont ses vêtements sales. « Ça fait combien de temps que t’es arrivé ? » Parce qu’on dirait qu’il ressort d’un périple mouvementé. Les fringues sont déjà tâchées et lacérées par endroit. Se pourrait-il qu’il soit ici depuis plusieurs jours ? Et qu’il soit toujours en vie ? Ça consisterait presque en un miracle. Sauf si, bien sûr, il est plus débrouillard que toi et qu’il sait allumer un feu… Mais vu ses traits fatigués… À voir. Tu tiques un peu quand il te dit s’appeler Silver. Non pas que le fait d’employer un surnom te choque, après tout il n’est pas le premier, mais c’est surtout ses manières assez particulières. Il fait un peu dandy à s’exprimer ainsi, avec son accent… Un anglais peut-être ? Un sourire compatissant qui étire tout de même tes lèvres, « Bienvenue en enfer, ou presque, Silver. » T’aimerais être un peu moins cynique, mais pour le coup c’est difficile de voir les choses du bon côté quand on sait que vous n’avez pas demandé à être catapultés ici. Y’a tes sourcils qui se froncent tandis que tu réfléchis au nombre que vous pouvez être. « C’est difficile à dire. Entre ceux qui vivent dans la Cité, et ceux qui comme toi vivent en dehors… Une cinquantaine peut-être ? Il y a régulièrement des disparus, ainsi que des nouveaux arrivants, du coup c’est compliqué de tenir un compte exacte… » Tu ponctues la fin de ta phrase par une grimace et un haussement d’épaules. Si après tout ça tu ne l’as pas complètement fait paniquer ou au moins démoralisé… « J’imagine que c’est pas vraiment ce que t’aimerais entendre, mais malheureusement c’est la réalité… » Tu t’excuses presque d’être aussi franche, mais plus vite il sera plongé dans le bain plus ses chances de survie augmenteront.

28 août
Jour 2
@Ksenia

Tu as beaucoup de chance de tomber sur quelqu'un d'aussi patient, tu en as conscience. Elle t'explique, de façon simple et factuelle, ce que tu ne peux t'imaginer. Une île, perdue au beau milieu de nulle part, bien loin de chez toi. Ça n'avait aucun sens, ce n'était pas possible. Tu gardes une expression incrédule, sans pour autant vouloir l'accuser elle. Elle n'y était manifestement pour rien.

Tu cherches quelque chose d'intelligent à dire, mais rien ne vient : elle enchaîne donc en te parlant de la plage et d'une... cité. Et que le nord était pire encore que cette partie de l'île.

— Merci du conseil... Il y a une cité ?

Tu as bien du mal à t'imaginer une ville dans ces circonstances, mais après tout, tu étais arrivé comme par miracle (ou l'inverse d'un miracle, une malédiction) sur cette île. Tu ne devrais même pas t'étonner.

— Je suis arrivé... hier je crois ? Et toi ? Les gens sont là depuis longtemps ?

Tu nourrissais le fol espoir que tu puisses un jour rentrer chez toi, et le plus tôt serait le mieux. Ksenia a sûrement raison, cela dit, quand elle te souhaite la bienvenue en enfer. Au moins n'étiez-vous pas seuls, et même... Cinquante. C'était pas mal. Tu trouvais que c'était une bonne nouvelle en vérité : les gens avaient sûrement eu le temps de pouvoir s'organiser, d'où la cité ? À moins qu'elle ait été là avant ?

— Je... Je préfère pas grand-chose là. La vérité c'est déjà pas mal. Merci.

Tu le penses vraiment, et tu marques une pause pour le signifier.

— Cette cité... Elle est où ?

Clairement, ton seul salut, c'est de trouver un groupe dans lequel t'intégrer, être protégé et te montrer utile en retour en espérant que tout cela prendrait bientôt fin. Et en espérant aussi ne pas te faire avoir au passage... Tu te doutes que tout le monde ne doit pas être aussi sympa que Ksenia, après tout.

Le bon côté, dans tout ça, c’est qu’il admet sans sourciller que ce que tu dis est la pure et simple vérité. À vrai dire, tu t’attendais pas à ce que ça soit aussi facile. Parce que bon, c’est quand même ahurissant, une telle histoire. Mais toi t’y as cru, lui aussi, et vraisemblablement la majorité des gens de l’île… Faut croire que même si c’est dément, ça reste irréfutable, et donc… Tu acquiesces quand il te demande s’il y a une Cité. Heureusement qu’elle est là, d’ailleurs, sinon tu ne donnerais pas cher de ta peau (et de la majorité des habitants de l’île car pour la plupart d’entre vous vous ne tiendriez pas trois jours en dehors de cette dernière). « Oui, c’est d’ailleurs là-bas que je vis. » Et là-bas, aussi, qu’il devrait habiter, s’il avait ne serait-ce qu’un peu de bon sens. Mais tu préfères ne pas en parler pour l’instant, te disant que pour ce genre de proposition il valait mieux attendre le bon moment pour mettre toutes les chances du côté de la Cité. Il t’avoue être arrivé la veille. Ou quelque chose comme ça. C’est vrai que la notion de temps, quand on est dans un endroit inconnu complètement flippant, est compliquée à garder. Toi-même tu ne sais plus très bien si tu es restée seule deux ou trois jours dans la forêt. Dans tous les cas, tu notes que comme tu le soupçonnais, c’est encore tout frais pour lui. Et ça colle bien avec sa tête de déterré. « Ça fait quatre mois. Un silence, le temps que tu choisisses tes mots pour la suite. Quant aux autres… Disons que c’est difficile à dire depuis combien de temps l’île est habitée. Longtemps, je dirais, mais après… Les premiers habitants ont construit la Cité, c’est tout ce que je peux te dire à ce sujet. » Ça et le fait que visiblement votre temps est compté et que personne ne vit au-delà de quatre années sur cette île maudite. Mais comme l’histoire des portes, tu préfères taire ce détail pour le moment. Ça serait dommage de l’affoler plus de raisons dès les premières minutes et de le faire baisser les bras sans qu’il n’ait eu l’opportunité de se battre. De toute façon, il finirait par l’apprendre rapidement, en général c’est pas un secret sur l’île. Y’a un sourire qui se dessine quand il te remercie. T’as envie de dire que c’est rien et que c’est la moindre des choses. Mais c’est vrai que tous ne sont pas particulièrement patients ici, et qu’à défaut d’aider son prochain certains préfèrent les piller pour gagner un peu de pouvoir… Mais revenons-en à la Cité. « Elle est juste là, au bout de la plage. Tu prends le temps de te retourner pour la pointer du doigt. De là où vous êtes, vous ne la voyez pas, mais au moins Silver en connait la direction, et elle n’est pas si difficile à trouver de toute façon quand on sait où chercher. Les nouveaux arrivants sont toujours les bienvenus. La majorité des gens y est bienveillante et l’entraide est de mise. Chacun a un rôle et une liste de tâches à faire pour le bon déroulement de la vie là-bas. Alors oui, il y a des règles. Des règles qui peuvent être jugées un peu trop contraignantes pour certains. D’où le fait que des personnes préfèrent vivre en-dehors de ces murs, en pleine nature. Mais si tu veux mon avis, il faut sacrément s’y connaitre en matière de survie avant de pouvoir se lancer, car les dangers sont nombreux et ne pardonnent pas… » Une grimace qui ponctue la fin de ta phrase. S’il souhaite rester seul ici, c’est son choix. Au moins connait-il les risques. Mais s’il souhaite rejoindre la Cité, il sait qu’il sera le bienvenue. « Tu veux que je t’y emmène et que je te la fasse découvrir ? La visiter n’engage en rien et si tu ne souhaites pas nous rejoindre, tu pourras toujours repartir après… » Bien que rares aient été les personnes à le faire. Ou pas dès leur arrivée, en tout cas.