ANIMATION 2 • TOPIC COMMUN HORS CITÉ

— 31 octobre 2020
132 jours maudits sur l'île de Nil

Elle court, toujours plus. Elle a dû en perdre, des kilos depuis son arrivée ici. Cent-trente-deux jours, pas un de mois. Plus de cent jours à tenter de s’échapper de cette île, à la recherche d’une foutue porte, le temps s’est défilé bien trop vite, elle n’en revient pas Hazel, elle perd parfois l’espoir de réussir un jour son périple, de retourner chez elle et de se battre de nouveau. Elle a perdu du temps, à explorer l’île, à sauvegarder dans son esprit chaque recoin, à tenter de créer une espèce de carte pour explorer encore plus, toujours à la recherche de cette foutue porte. Foutue porte. Nil semble s’être jouée de la jeune femme, elle lui en veut, elle veut sortir d’ici et se croit parfois prise au piège d’un salaud à la Saw. Cris infâmes, disparitions, morts etc, elle craint souvent pour sa vie. Mais c’est son tempérament de feu qui la sauvera, elle en est certaine.

Elle aurait aimé créer un calendrier pour être certaine qu’aujourd’hui était le jour du Samhain, elle aurait aimé être certaine de pouvoir prier et aurait aimé par-dessus tout être rentrée chez elle, mais il était encore trop tôt apparemment. Elle avait exploré et puis grimpé quelques rochers pour se retrouver près des tubes. Une fête s’y jouait apparemment. Elle s’approcha telle une enfant sauvage, les cheveux dans les yeux qu’elle repoussa, le front plissé. Qu’est-ce qu’ils foutaient tous là, réunis comme des potes à fêter quoi au juste ? Il ne manquait plus qu’une blonde déguisée en lapine et un trio vampiresque pour qu’elle ai l’impression de s’être retrouvée à une soirée étudiante stupide. « C’est quoi votre problème ce soir ? » demanda-t-elle aux gens présents. Franchement, ils avaient envie de faire office d’encas à une bête sauvage du coin ? C’était idéal !

Trixie ne sait pas trop ce qu'elle fait là. Elle a l'impression de s'être aventurée beaucoup trop loin, beaucoup plus loin que d'habitude, mais cela a été plus fort qu'elle. Elle n'a pas l'impression de s'être habituée à vivre sur cette île où ils sont elle ne sait trop combien à y avoir été enlevé d'une manière ou d'une autre. Elle aimerait bien pouvoir trouver une porte, mais ce n'est pas très facile. Elle essaie de survivre, prend des trucs de un peu tout le monde, sauf que le confort, la ville lui manque. Sans oublier toutes les personnes qu'elle connait. Est-ce qu'ils savent qu'elle est toujours vivante ? Qu'elle n'a pas voulu disparaitre ? Elle espère que oui. Pourquoi aurait-elle disparu si proche de commencer sa première journée de travail en tant qu'infirmière ? Pourquoi avoir disparu après avoir travaillé aussi fort ces dernières années ? Elle secoue la tête, rien de tout cela ne va l'aider ici. Cela va la distraire et la distraction peut être assez mauvaise avec tout ce qui peut arriver.

Depuis environ trente jours, si elle a bien calculé, des trucs encore plus étranges se sont passés. L'envie de ne pas être seule s'est fait sentir et elle a décidé de suivre un duo parlant d'une sorte de rencontre aux tubes. Elle ne sait pas trop ce que sont les tubes, mais peu lui importe. Elle a plus peur de rester seule que de découvrir un nouvel endroit. Est-ce une amélioration ? Une évolution ? Elle ne pense pas. Changer une peur pour une autre, ça reste une peur. Le duo arrive, ils ne sont pas seuls, il y a quelques autres personnes déjà là. Le feu se voyait de loin, il est encore plus rassurant vue de proche, le feu, c'est une sorte de technologie, non ? « J'sais pas... mais j'avais pas envie d'être seule. » qu'elle répond, à une nouvelle arrivée. Quel est son problème ? Et bien, par où commencer ?

— 31 octobre 2020
La fête des morts.

Encore.
4 ans à vivre, c'est peu. Mais 4 ans ici, c'est long. C'était la troisième fois que Kerosene voyait ce feu cramer, au loin, et la deuxième qu'elle avait décidé de participer à la fête. C'était donc avec un sentiment mitigé qu'elle s'était dirigée vers le tubes, cette nuit-là. Combien étaient morts, depuis l'année dernière ? Et combien étaient arrivés ici ? Trop, sans doute. C'était toujours trop, ici. Trop long, trop court, trop dur, trop violent. Trop solitaire, aussi. C'était peut-être pour ça que, malgré tout, et en tirant la gueule, elle se ramenait toujours pour Halloween.
Et puis, c'était une bonne occasion d'honorer la mémoire de ceux que l'île avait happée, non ?

C'est quelque peu essoufflée qu'elle en finit enfin avec cette ascension. Son regard dériva sur l'ensemble des personnes présentes, à la recherche non pas d'un visage familier, mais d'un visage indésirable. Mais fort heureusement, a priori, il n'y avait personne qu'elle ait eu envie de frapper. Sa main se resserra autour d'une pomme qu'elle apporta jusqu'à ses lèvres. Même ça, elle s'en lassait. Les fruits sucrés, juteux et abondants. Elle se disait parfois qu'elle préfèrerait bouffer un rat, juste pour changer de ce quotidien morbide. A sa gauche, deux blondes échangeaient quelques mots, visiblement peu convaincues par la soirée. « T'inquiètes pas, t'auras pas à en supporter beaucoup des soirées comme ça », lança-t-elle à la première. Sans doute qu'elle serait morte avant d'en vivre une deuxième. Elle s'approcha encore, le regard vague, avant de s'adresser à l'autre blonde : « Tout le monde est seul, ici », conclut-elle, fatidique, sans doute autant pour cette fille que pour elle-même.
Elle posa ses iris sombres sur l'eau chaude des sources et songea distraitement que cet endroit aurait pu être agréable à vivre, s'il n'était pas si meurtrier.